L’Italie se lève : comment une vague de protestations sans précédent bloque le pays pour Gaza
Le 22 septembre 2025 restera gravé dans les annales de l’histoire italienne. Ce jour-là, des millions de citoyens, jeunes et moins jeunes, ont déferlé dans les rues de plus de 80 villes, transformant une grève générale en un puissant cri de ralliement pour la Palestine. Face à l’intensification du conflit à Gaza, l’Italie, pourtant dirigée par l’extrême droite, a montré un visage inattendu de solidarité et de détermination. Mais qu’est-ce qui a poussé un pays entier à bloquer ses ports, ses gares et ses autoroutes ? Plongez au cœur de cette mobilisation historique qui redéfinit l’engagement citoyen en Europe.
Une mobilisation massive et déterminée
L’ampleur de la grève générale du 22 septembre a surpris de nombreux observateurs. Avec près d’un million de personnes dans les rues selon certaines estimations, la jeunesse en première ligne, l’Italie a démontré une capacité de mobilisation rarement vue. Loin des manifestations traditionnelles, les modes d’action ont révélé une volonté d’agir concrètement, avec des blocages stratégiques à travers le pays.
L’effet cocotte-minute : quand l’indignation explose
Deux ans après le début de l’escalade à Gaza, la colère citoyenne, longtemps contenue, a atteint son paroxysme. L’exposition quotidienne aux images et aux informations dramatiques a créé un « effet cocotte-minute », transformant l’indignation intériorisée en une explosion de protestation collective. Cette accumulation de frustration a trouvé son exutoire dans une action directe et visible.
La spirale militante positive : des liens renforcés
Cette mobilisation n’est pas le fruit du hasard. Elle est le résultat d’un travail de longue haleine, de manifestations répétées et de la construction de liens solides entre citoyens et groupes activistes. Des assemblées générales étudiantes de Padoue aux occupations universitaires, ces actions ont permis de politiser l’espace public, d’informer et d’engager une population de plus en plus consciente de son pouvoir d’influence.
Les flottilles pour la liberté : un catalyseur médiatique et moral
Les « flottilles pour la liberté », tentant de briser le blocus de Gaza, ont joué un rôle crucial dans l’amplification de cette mobilisation. La présence de personnalités influentes comme Rima Hassan ou Greta Thunberg à bord de navires tels que le Madleen ou le Handala a conféré une visibilité médiatique sans précédent à ces initiatives. Ces actes de désobéissance civile en mer ont inspiré des milliers de citoyens à imiter ce courage et à agir à leur tour.
La global sumud flotilla et la répression
L’initiative internationale « Global Sumud Flotilla », regroupant 51 navires, a été un point culminant. Malgré les attaques de drones et la répression, ces actions ont mis en lumière la détermination des activistes et l’urgence de la situation humanitaire à Gaza, renforçant le sentiment que des actions concrètes sont indispensables.
L’Italie bloque ses infrastructures : un message clair
Le 22 septembre, l’Italie a mis ses menaces à exécution. Des ports maritimes aux gares ferroviaires, en passant par les autoroutes, le pays a été paralysé. À Venise, le port de Marghera a été bloqué pendant des heures, les manifestants affrontant les jets d’eau de la police. Des camions d’approvisionnement ont été empêchés d’accéder aux infrastructures, envoyant un message retentissant.
L’appel des dockers et le blocage des armes
Cette action de blocage, coordonnée dans plusieurs ports italiens (Gênes, Livourne, Palerme, Salerne, Marghera), répondait à l’appel des dockers de Gênes. Leur objectif : agir directement contre la livraison d’armes transitant par la Méditerranée depuis l’Italie vers Israël. Des slogans comme « Free Palestine, Bloquons les armes » résonnaient dans les cortèges, soulignant la dimension éthique et politique de la protestation.
Une critique acerbe de l’Union européenne
Le collectif antiraciste et antifasciste padouan « Open Your Borders » a dénoncé un système qui « normalise la discrimination et le nettoyage ethnique ». Ils ont pointé du doigt l’Union Européenne, accusée de maintenir des relations inchangées avec Israël et de « tuer des personnes réfugiées ou en mouvement avec la brutalité de ses frontières et de ses lois », faisant écho aux tragédies en Méditerranée.
La « génération Palestine » : un mouvement global et intergénérationnel
Si la jeunesse est très présente, la philosophe Viola Carofalo préfère parler de « génération Palestine ». Elle refuse de réduire ces mouvements à une simple question générationnelle, y voyant plutôt le reflet d’un niveau d’inégalités et d’injustices sociales sans précédent. Ce phénomène, qu’elle qualifie de « global et intergénérationnel », transcende les frontières et les âges.
La lutte palestinienne comme cause commune
Pour Carofalo, la lutte pro-palestinienne n’est pas seulement une réaction à la violence, mais le résultat de décennies de résistance qui ont transformé ce combat en une cause commune. Les drapeaux palestiniens brandis dans des mobilisations locales partout dans le monde symbolisent la revendication d’une existence digne, peu importe la taille ou l’isolement du mouvement.
Un patrimoine de connaissances pour l’avenir
La « génération Palestine » a acquis des instruments et des aptitudes d’organisation qui seront fondamentales dans les années à venir, selon Viola Carofalo. Ce « patrimoine de connaissances » sera difficile à effacer, promettant une persistance de l’engagement citoyen face aux injustices mondiales.
Les journées de grève générale des 22 septembre et 3 octobre 2025 marquent un tournant majeur pour l’Italie et l’Europe. Elles témoignent d’un ras-le-bol généralisé et d’une détermination croissante de la population, notamment de sa jeunesse, à s’opposer à un système perçu comme complice des crimes à Gaza. Au-delà de l’Italie, ces événements résonnent comme un appel à la solidarité internationale et à l’action directe, prouvant que la voix du peuple, lorsqu’elle s’unit, peut véritablement bloquer les rouages de l’indifférence et de l’injustice.
