L’italie en ébullition : pourquoi des millions de citoyens bloquent le pays pour gaza ?
L’Italie, habituellement perçue comme un pays aux mobilisations sociales plus discrètes sur la scène internationale, a récemment été le théâtre d’un soulèvement populaire d’une ampleur inédite. Des millions de citoyens sont descendus dans les rues, paralysant des villes entières et des infrastructures clés, pour exprimer leur profonde indignation face au conflit à Gaza. Cette vague de protestations, marquée par des blocages stratégiques et une détermination farouche, révèle un visage de l’Italie bien différent de celui véhiculé par ses institutions. Mais qu’est-ce qui a poussé un pays entier à dire « stop » de manière si retentissante ?
Un mouvement sans précédent : l’italie dit « stop »
La mobilisation massive du 22 septembre, suivie d’une autre grève générale le 3 octobre, n’est pas un simple coup de colère. Elle est le fruit d’une accumulation de facteurs, d’une organisation méticuleuse et d’une prise de conscience collective qui a transformé l’indignation en action concrète.
La cocotte-minute de l’indignation : comprendre la colère
Depuis des mois, les images et les informations glaçantes en provenance de Gaza inondent les écrans de nos smartphones. Cette exposition quotidienne à l’horreur a créé un « effet cocotte-minute » : une colère intériorisée qui, sous la pression constante, finit par exploser. L’Italie, comme de nombreux pays européens, a vu cette indignation citoyenne monter, alimentée par le sentiment d’impuissance face à la situation et le manque d’action des gouvernements.
L’organisation en coulisses : quand la rue s’organise
Si la mobilisation peut sembler spontanée, elle est en réalité le résultat d’un travail de fond. Des groupes d’activistes, notamment des étudiants comme ceux de Padoue, ont joué un rôle crucial. Très tôt après le 7 octobre 2023, des assemblées générales ont été organisées, transformant les universités en lieux d’occupation, de politisation et d’information. Ces initiatives ont permis de créer du lien entre citoyens, de construire une « spirale militante positive » et de donner à ceux qui n’avaient jamais manifesté le sentiment qu’ils pouvaient réellement peser sur la situation.
Les flottilles pour la liberté : catalyseurs d’une mobilisation mondiale
Les « Flottilles pour la liberté » ont agi comme de puissants vecteurs de cette mobilisation. Ces embarcations, qui tentent depuis des années de briser le blocus alimentaire de Gaza, ont gagné en visibilité grâce à la présence de personnalités influentes telles que Greta Thunberg ou Rima Hassan. L’initiative internationale « Global Sumud Flotilla », avec ses 51 navires, a particulièrement marqué les esprits, malgré la répression subie (attaques de drones). Ces actes de désobéissance civile ont inspiré de nombreux citoyens à imiter le courage de ces « activistes marins ».
Le cœur de la contestation : les blocages qui paralysent le pays
La particularité de ce mouvement italien réside dans sa volonté d’imposer un rapport de force direct par des actions de blocage. Loin des simples défilés, les manifestants ont ciblé les points névralgiques de l’économie et des transports.
Venise, gênes et au-delà : les ports sous pression
Le port de Marghera, à Venise, a été bloqué pendant plusieurs heures, empêchant l’accès des camions d’approvisionnement. La police est intervenue avec des jets d’eau, des hélicoptères et des drones, mais la détermination des manifestants est restée intacte. Cette action faisait écho à l’appel des dockers de Gênes, visant à bloquer les livraisons d’armes transitant par la Méditerranée vers Israël. Les slogans tels que « Free Palestine, Bloquons les armes » ou « Siamo tutti anti sionisti » résonnaient dans les cortèges, exprimant une opposition claire et radicale.
Le collectif antiraciste et antifasciste padouan « Open Your Borders » a souligné que le conflit à Gaza est le symptôme d’un système qui « normalise la discrimination et le nettoyage ethnique », dénonçant l’Union Européenne pour ses relations inchangées avec Israël et sa politique migratoire jugée brutale.
Des transports à l’enseignement : l’italie à l’arrêt
L’impact des blocages a été ressenti dans tout le pays. Des stations de train ont été paralysées à Milan, Naples et Rome. Le périphérique routier de la capitale a été bloqué, tout comme l’autoroute entre Florence et Bologne. À Turin, des voies de train et des routes principales ont été occupées. Ces actions, portées par divers syndicats comme l’USB et plus tard la CGIL, ont touché des secteurs clés comme les transports et l’enseignement, démontrant la capacité du mouvement à perturber le fonctionnement normal du pays.
Au-delà des générations : l’émergence de la « génération palestine »
Si la jeunesse, notamment la génération Z, est très présente dans ces mobilisations, la philosophe Viola Carofalo préfère parler d’un soulèvement de la « génération palestinienne ». Pour elle, il ne s’agit pas seulement d’une question générationnelle, mais d’une réaction globale et intergénérationnelle face à un niveau d’inégalités et d’injustices sociales sans précédent. La lutte pro-palestinienne est perçue comme le résultat de décennies de résistance, transformant ce combat en une cause commune à l’échelle mondiale.
La présence de drapeaux palestiniens dans des manifestations aux enjeux locaux partout dans le monde symbolise cette universalité. Le peuple palestinien, malgré son isolement, est devenu un emblème de la revendication d’une existence digne. Selon Viola Carofalo, cette « génération Palestine » a acquis des instruments et des aptitudes d’organisation qui constitueront un « patrimoine de connaissances difficile à éliminer » pour les années à venir.
Les journées de grève générale et de blocages en Italie sont des événements exceptionnels qui témoignent d’un ras-le-bol généralisé. Elles illustrent la montée en radicalité des actions menées par une population et une jeunesse déterminées à contester un système occidental, et en particulier l’Union Européenne, perçu comme complice des crimes commis à Gaza. Ces mobilisations massives et stratégiques marquent un tournant, non seulement pour l’Italie, mais aussi comme un signal fort de la solidarité internationale et de la volonté citoyenne d’agir face aux injustices mondiales. L’Italie a parlé, et son message résonne bien au-delà de ses frontières.

Je dois avouer que cet article me surprend énormément. Je n’avais pas du tout perçu l’ampleur de ces manifestations en Italie, et surtout pas cette radicalité des blocages. On a tellement l’image d’une Italie un peu « dolce vita » ou plus discrète sur la scène internationale, que de les voir paralyser des villes entières comme Venise ou Rome pour Gaza, c’est vraiment quelque chose. L’idée de la « cocotte-minute » est très parlante, on sent bien que la tension monte un peut partout. Mais est-ce que ça va vraiment changer quelque chose, vous pensez ? J’espère juste que ça ne va pas créer plus de division au sein de l’UE, qui a déjà bien du mal à s’entendre sur le sujet.