Bien-être/Santé

Le saumon d’élevage : une bombe à retardement dans votre assiette ?

Longtemps célébré comme un pilier de l’alimentation saine, riche en oméga-3, le saumon d’élevage a conquis nos tables. Mais derrière cette image idyllique se cache une réalité bien plus sombre. Un récent rapport de l’ONG Seastemik, en collaboration avec Data for Good et Les Décodeurs du journal Le Monde, lève le voile sur les impacts dévastateurs de l’aquaculture industrielle de saumon. De la surpêche aux microplastiques, en passant par les émissions de CO2 et la souffrance animale, ce poisson tant apprécié est-il en train de devenir une menace pour notre santé et la planète ? Préparez-vous à revoir le contenu de votre assiette.

Le saumon, star de nos assiettes : une ascension fulgurante aux conséquences lourdes

Il y a trente ans, le saumon était un produit de luxe. Aujourd’hui, il est omniprésent, avec une consommation mondiale atteignant trois millions de tonnes en 2021. La France se positionne en tête des consommateurs européens, avec une moyenne de 4,2 kilos par habitant et par an. Cette popularité fulgurante a transformé l’aquaculture artisanale en une industrie colossale, dominée par une poignée de multinationales comme Mowi, et concentrée dans quatre pays : la Norvège, le Chili, le Canada et l’Écosse. Mais cette industrialisation à outrance a un prix, payé par les océans, les populations vulnérables et potentiellement notre santé.

L’envers du décor : quand l’aquaculture industrielle dévore la planète

Une pêche minotière dévastatrice : vider l’océan pour nourrir le saumon

Le saumon est un carnivore. Pour nourrir un seul saumon d’élevage, il faut pêcher jusqu’à 440 poissons sauvages, transformés en farines et huiles. Chaque minute, l’industrie salmonicole capture près d’un demi-million de poissons sauvages. Cette « pêche minotière » prive les écosystèmes marins de leurs ressources vitales et menace la sécurité alimentaire de millions de personnes, notamment en Afrique de l’Ouest. La Norvège, par exemple, importe des centaines de milliers de tonnes de poissons des eaux ouest-africaines, de quoi satisfaire les besoins nutritionnels de plusieurs millions d’individus dans la région.

Des évasions massives aux conséquences écologiques imprévues

Entre 2018 et 2022, plus de 4 millions de saumons se sont échappés des élevages des plus grands producteurs. Ces évasions ne sont pas anodines. Elles introduisent des maladies et des parasites dans les populations sauvages, créent une compétition pour les ressources et risquent d’hybrider avec les saumons natifs, menaçant leur résilience génétique et la biodiversité marine.

L’empreinte carbone colossale des « bombes roses »

L’élevage de saumon est une activité énergivore. En 2021, il a émis environ 16 millions de tonnes de CO2 équivalent, soit l’équivalent des émissions annuelles d’un pays comme la Croatie. Près de 90% de ces émissions proviennent de l’amont et de l’aval de la production, principalement de l’alimentation des poissons et de leur transport à travers le monde. Les futurs projets d’élevage intensif en cages terrestres, surnommés « bombes roses », pourraient ajouter jusqu’à 16,9 millions de tonnes de CO2 par an, allant à l’encontre des objectifs climatiques mondiaux.

Votre santé en jeu : les risques cachés du saumon d’élevage

Antibiotiques : une menace pour la résistance bactérienne

Si certains pays comme la Norvège affirment que 99% de leur aquaculture est exempte d’antibiotiques, la réalité est tout autre ailleurs. Au Chili, l’utilisation d’antibiotiques par les principaux producteurs a augmenté d’un tiers depuis la crise du Covid, atteignant plus de 460 tonnes en 2021. Cette utilisation massive contribue à l’émergence de bactéries résistantes, un enjeu majeur de santé publique mondiale.

Microplastiques : l’invité indésirable de votre assiette

Les microplastiques, omniprésents dans nos océans, se retrouvent également dans nos assiettes, et le saumon est particulièrement concerné. En raison de la bioaccumulation dans la chaîne alimentaire et de l’affinité des plastiques pour les graisses, ces particules indésirables s’insinuent dans la chair du poisson que nous consommons, avec des conséquences encore mal comprises sur la santé humaine.

Souffrance animale et monopole : les faces sombres d’une industrie puissante

L’élevage intensif de saumon est également synonyme de souffrance animale. Les taux de mortalité sont considérables, dépassant parfois 20% certaines années. La densité d’occupation élevée, la propagation rapide des maladies infectieuses et les blessures causées par les traitements antiparasitaires infligent un stress important aux poissons, remettant en question les pratiques éthiques de cette industrie.

L’avenir du saumon : les fermes terrestres, une solution ou un nouveau problème ?

Face aux défis environnementaux et sanitaires, de nouveaux modes de production émergent, notamment les fermes-usines à terre utilisant la technologie RAS (Recycled Aquaculture Systems). Ces projets, dont trois en France, promettent de produire du saumon dans des bassins fermés, même dans des climats peu propices. Cependant, l’ONG Seastemik dénonce des systèmes « ultra-énergivores », nécessitant jusqu’à 100 GWh/an pour une ferme de 10 000 tonnes, soit la consommation d’environ 43 000 Français. Leur empreinte carbone reste également élevée, entre 2 et 14 kg de CO2 par kg de saumon produit. Ces « bombes roses » pourraient augmenter la production mondiale de saumon de plus de 91%, aggravant encore la pression sur les ressources et le climat.

Faire des choix éclairés pour un avenir plus durable

Le rapport de Seastemik nous invite à une prise de conscience collective. Le saumon d’élevage, tel que nous le connaissons, est loin d’être la protéine durable et saine qu’il prétend être. Pour un système alimentaire qui respecte la santé, la durabilité et la justice sociale, il est essentiel de reconsidérer nos habitudes de consommation. Réduire, voire exclure le saumon d’élevage de nos assiettes, et privilégier des alternatives comme les algues ou les coquillages (aquaculture de faible niveau trophique), sont des gestes concrets que chacun peut faire. Informons-nous, choisissons mieux, et participons à la révolution nécessaire pour un avenir alimentaire plus sain et respectueux de notre planète.

4 réflexions sur “Le saumon d’élevage : une bombe à retardement dans votre assiette ?

  • Ouch, je viens de lire ça et je me sens un peu bête d’avoir fait confiance à l’image « sain » du saumon d’élevage. Le chiffre des 440 poissons sauvages pour nourrir un seul saumon, ça m’a juste estomaquée. C’est énorme ! Et dire que j’en achète régulièrement, pensant bien faire pour les oméga-3 de mes enfants… Ça me met un sacré coup au moral.

    Je m’attendais à quelques points négatifs mais pas à cette liste interminable : surpêche, antibiotiques, microplastiques, souffrance animale… C’est vraiment la totale. L’idée des fermes terrestres comme « bombes roses » énergivores me fait un peu peur aussi, on dirait qu’on tourne en rond.

    Du coup, vous conseillez quoi concrètement comme alternative facile à intégrer ? Parce que réduire, ok, mais remplacer c’est pas toujours évident. Les algues et coquillages, j’ai pas encore le reflexe. Vraiment un article qui donne à réfléchir et à revoir nos assiettes. Merci pour cette clarté, même si c’est dur à entendre.

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  • Franchement, cet article enfonce un peu le clou mais c’est pas surprenant. On nous a tellement vendu le saumon comme le poisson par excellence, plein d’oméga-3 et tout le tralala, que ça fait un moment que je me doutais qu’il y avait anguille sous roche. Quand je lis le truc sur la pêche minotière qui vide les océans juste pour nourrir d’autres poissons qui vont finir dans nos assiettes, ou les fameuses « bombes roses » qui sont censées être la solution mais qui en fait consomment l’énergie de 43 000 Français… Pfff, c’est juste décourageant.

    Je suis comme Camille qui demandait des alternatives, mais soyons réalistes. Combien de personnes vont vraiment se mettre aux algues et aux coquillages tous les jours ? La facilité de consommer du saumon, même congelé, c’est ce qui a fait son succès. L’industrie est tellement massive, est-ce que nos choix individuels vont vraiment changer quelque chose au final ? On se sent impuissant face à ce genre de monstre. Ça donne envie de juste manger des pâtes natures. Non, sérieusement, je crois qu’il faut vraiment que les gouvernements s’en mêlent parce que là, c’est au-delà de la bonne volonté des consommateurs.

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  • Ah non mais là c’est trop ! J’ai toujours essayé de manger du poisson pour les fameux oméga-3, persuadée que c’était bon pour la santé, et voilà que je lis ça. Le coup des microplastiques et des antibiotiques, ça me coupe l’envie direct. On nous dit toujours de manger sainement, de faire attention à ce qu’on achète, mais comment on fait quand même ce qui est censé être « sain » est en fait plein de saletés ? Franchement je suis un peu désabusée.

    Je sais que Camille demandait des alternatives, et je suis d’accord, c’est pas facile. Mais moi ce qui me chagrine le plus c’est de me sentir trompée. Est-ce qu’il y a des marques de saumon d’élevage qui s’engagent VRAIMENT à faire mieux, ou est-ce que c’est juste de la poudre aux yeux partout ? Parce que l’idée d’exclure totalement le saumon, même si c’est ce qu’il faut faire, c’est un gros morceau pour une famille. On est censé se privé de tout ce qui nous fait plaisir maintenant ou comment ça se passe ? Je suis perdue avec toutes ces infos contradictoires.

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  • Pff, encore une douche froide. À force, on ne sais plus quoi manger, c’est dingue. Quand je lis les chiffres sur la souffrance animale, genre 20% de mortalité, je trouve ça juste horrible. On nous parle de « protéines durables » mais à quel prix pour les poissons qui vivent dans ces conditions ? Ça me dégoûte vraiment. Et le coup des microplastiques dans l’assiette, c’est la cerise sur le gâteau qui donne pas envie de finir.

    Je me posais la question sur les labels, vous savez ? Ceux qu’on voit parfois sur les emballages, genre « élevé de manière responsable » ou des trucs comme ça. Est-ce que c’est du pipeau complet aussi pour nous endormir, ou est-ce qu’il y a des certifications qui sont vraiment sérieuse et qu’on peut suivre ? Parce que c’est tellement frustrant de vouloir bien faire et de toujours tomber sur des infos qui nous plombent le moral comme ça. Comme disait Marine, on se sent un peu trompées à la fin.

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