Pays Basque : la bataille de Marienia, quand la terre nourricière résiste au béton
Au cœur du Pays Basque, entre les montagnes verdoyantes et l’océan Atlantique, se joue une bataille silencieuse mais déterminée. À Cambo-les-Bains, un lopin de terre agricole de 3,5 hectares, baptisé Marienia, est devenu le symbole d’une lutte acharnée contre la bétonisation et la spéculation immobilière. Face à un géant comme Bouygues Immobilier, des citoyens, des paysans et des associations locales se mobilisent pour défendre ce patrimoine vital. Plongez au cœur de cette résistance où l’avenir de nos terres nourricières est en jeu.
Le pays basque : un territoire convoité et menacé
Le Pays Basque, avec ses paysages idylliques et sa forte identité culturelle, attire. Mais cette attractivité a un revers : une pression immobilière grandissante qui menace directement les terres agricoles. Chaque année, des centaines d’hectares sont artificialisés en France, et la région basque n’échappe pas à cette tendance alarmante. À Marienia, ce sont des terres fertiles, planes et de grande qualité, utilisées pour le fourrage et l’élevage de brebis, qui sont ciblées pour un projet de construction.
Marienia : plus qu’un terrain, un emblème
Ce qui rend la situation de Marienia si emblématique, c’est la qualité exceptionnelle de son sol, rare dans une région vallonnée. Depuis 2014, des velléités spéculatives ont cherché à transformer ces parcelles en zones constructibles, multipliant leur valeur par dix. Une modification du Plan Local d’Urbanisme (PLU) a ouvert la voie à ce projet, malgré l’opposition d’élus locaux, de syndicats agricoles et d’associations environnementales. La résistance s’est organisée, faisant de Marienia un point de ralliement pour tous ceux qui refusent de voir disparaître la terre nourricière sous le béton.
La résistance s’organise : un front uni contre la spéculation
Face à la puissance des promoteurs immobiliers et aux décisions des collectivités, la mobilisation citoyenne s’est structurée. Le collectif OSTIA (Okupatzaile Sare Tematsua Irabazi Arte – réseau déterminé des occupants jusqu’à la victoire), aux côtés de syndicats paysans comme ELB et d’associations telles que Lurzaindia et le CADE, mène une lutte sur plusieurs fronts.
Des actions directes aux recours juridiques
La stratégie de la résistance de Marienia est multiple. Elle combine des actions symboliques fortes, comme l’occupation des terres pour les cultiver (plantations de pommes de terre, de courges, de blé), des manifestations devant les conseils municipaux, et des recours juridiques contre les permis de construire. Ces actions visent à sensibiliser l’opinion publique, à mettre la pression sur les décideurs et à retarder l’avancement des projets. Le « serment des bâtons », où chaque participant plante un bâton en signe d’engagement à défendre la terre, illustre la détermination profonde des activistes.
Les défis de la lutte : procès et pressions
La mobilisation n’est pas sans conséquences. Des activistes ont été inculpés et condamnés à des amendes, et des plaintes ont été déposées. Ces procédures judiciaires représentent un coût financier et humain important pour les collectifs. Malgré ces obstacles, la détermination reste intacte, alimentée par la conviction que cette bataille, même pour 3,5 hectares, est essentielle pour l’avenir du territoire et de l’agriculture paysanne.
Les enjeux cruciaux de la préservation des terres agricoles

La lutte de Marienia dépasse le cadre local. Elle met en lumière des problématiques fondamentales pour notre société : la souveraineté alimentaire, la crise du logement et l’urgence climatique.
Nourrir la population et préserver la biodiversité
Les terres agricoles sont la base de notre alimentation. Leur artificialisation réduit notre capacité à produire localement et nous rend plus dépendants des importations. Au Pays Basque, le manque de terres disponibles pour les jeunes agriculteurs est déjà une réalité. De plus, même si Marienia n’abrite pas d’espèces rares, la destruction des prairies contribue à la perte globale de biodiversité et à la fragmentation des écosystèmes.
Logement et urbanisme : trouver des alternatives durables
Le besoin en logements est réel, y compris au Pays Basque où la spéculation pousse les prix à la hausse et transforme de nombreux biens en résidences secondaires ou locations touristiques. Cependant, la solution ne doit pas passer par la destruction des terres fertiles. La rénovation de bâtiments existants, la réhabilitation de friches industrielles ou d’anciennes stations thermales, et une politique d’aménagement du territoire plus juste sont des alternatives viables. Il s’agit de concilier production alimentaire et besoins en logement sans opposer ces deux nécessités vitales.
L’impact climatique de la bétonisation
L’artificialisation des sols a des conséquences directes sur le climat. Les surfaces bétonnées ou goudronnées absorbent et retiennent davantage la chaleur, amplifiant les îlots de chaleur urbains. Elles empêchent également l’infiltration naturelle de l’eau, augmentant les risques d’inondations et de sécheresses. Préserver les sols, c’est aussi préserver leur capacité à stocker le carbone et à réguler les cycles de l’eau, des fonctions essentielles face au changement climatique.
Comment soutenir la résistance de Marienia ?
La bataille de Marienia est loin d’être terminée. Les collectifs continuent d’organiser des actions et ont besoin de soutien. Participer aux occupations agricoles, relayer les informations sur les réseaux sociaux, ou contribuer aux caisses de dons pour faire face aux frais de justice sont autant de moyens d’apporter son aide. Cette lutte est un rappel puissant qu’il n’y a pas de petites batailles quand il s’agit de défendre notre environnement et notre avenir. Chaque hectare sauvé est un signal envoyé aux spéculateurs : la résistance s’organise et ne reculera pas.
En somme, Marienia est devenu un emblème de la lutte pour les terres nourricières et contre la spéculation foncière. C’est un travail d’éducation populaire qui montre qu’une opposition organisée peut faire reculer les projets les plus ambitieux. La victoire à Marienia serait une source d’inspiration pour de nombreuses autres luttes locales à travers la France et au-delà.

Ah, Marienia… Cet article met le doigt sur un truc tellement important, et que je vois de mes propres yeux depuis des années. C’est incroyable cette pression immobilière, même pour nous qui sommes du coin. Des terres comme celles-là, plates, fertiles, c’est une richesse inestimable, et on les donne à Bouygues pour faire du béton, sous prétexte de « besoin en logement » alors que les résidences secondaires et les locations pour touristes explosent partout. Ça me met en colère. Le serment des bâtons, c’est tellement symbolique, ça montre bien que les gens sont à bout, et déterminés. J’espère de tout cœur que cette lutte va porter ses fruits. Si on laisse passer ça, qu’est-ce qu’il restera de notre beau Pays Basque pour les générations futures ? On a déjà trop sacrifié.